DU CÔTÉ DE LA CHINE
Les Etats-Unis, la plus grande puissance économique mondiale ne rouvrira pas son marché d’ici Pâques, comme l’avait espéré le président américain Donald Trump, toutefois la Chine, seconde puissance économique, pourrait s’en charger. La Chine servira donc de modèle pour les autres pays lorsqu’ils sortiront du confinement dû à la pandémie du coronavirus.
Les investisseurs semblent optimistes quant au rétablissement économique de la Chine, avec des entrées de fond atteignant, à la fin du mois dernier, leur plus haut sommet depuis 5 ans. Mais le risque d’une seconde vague d’infection est redouté en Chine, ce qui impliquerait de nouvelles restrictions économiques. Toute nouvelle épidémie refroidirait donc les investisseurs et prolongerait les mesures de confinement dans le monde entier.
La reprise économique reste un problème en suspens alors que le monde entier s’impatiente. Alors que les données sont communiquées tardivement, les investisseurs se concentreront donc sur des indicateurs tels que la communication de charbon (en faible hausse), le transport de marchandise (environ 90%), les jeux de hasard (en forte chute) et les recettes du box-office. La semaine prochaine pourrait apporter plus de clarté.
VERS UN NOUVEAU «WHATEVER IT TAKES»
Les prochains jours s’annoncent mouvementés pour les ministres des Finances de la zone Euro, qui seront astreints à débattre par le biais de téléconférences sur les meilleurs moyens à mettre en place afin d’aider les pays les plus pauvres durement impactés par le coronavirus. Il est utopique de croire qu’une solution miracle interviendra pour le 09 avril. Les anciens désaccords subsistent au sein du bloc – notamment concernant l’Allemagne et les Pays-Bas qui s’opposent farouchement aux propositions de «coronabonds», option privilégiée par la France, l’Italie et l’Espagne.
Une solution qui assurera aux pays les plus pauvres et à leurs investisseurs, le soutien financier des états les plus prospères, tout en maintenant les intérêts d’emprunt. Toutefois, les options les plus probables semblent être des lignes de crédit du fonds de sauvetage de la zone euro, davantage de prêts de la part de la Banque d’investissement européenne et l’utilisation d’un budget commun à long terme ou pour des garanties d’emprunt à effet de levier.
L’Allemagne refusera probablement de participer à ces obligations communes mais quoi qu’il en soit, un nouveau «whatever-it-takes» est inévitable.
LE BARRIL DE L’ESPOIR
Les fluctuations du prix du pétrole ont renforcé les complications liées au coronavirus, faisant chuter son prix de plus de 70% par rapport aux sommets atteints en Janvier pour finalement connaître un rebond face aux déclarations du président Donald Trump concernant un potentiel accord saoudien-russe de réduction de la production.
Pourtant, des sources indiquent que le groupe exportateur de pétrole brut de l’OPEP – 14 membres de l’OPEP et 10 non-membres, y compris la Russie – débat de la réduction de l’offre mondiale de 10 millions de barils par jour (bpj). Cependant, une réunion lundi pour discuter des réductions a été reportée à jeudi, au milieu d’un conflit intensif entre Moscou et Riyad.
L’OPEP souhaite également que tous les producteurs se joignent à cette directive de réduction de l’offre. La province de l’Alberta au Canada, qui abrite la troisième plus grande réserve de pétrole au monde, a laissé entendre qu’elle pourrait s’y conformer. Cependant Trump n’a pas l’intention de demander aux producteurs américains de freiner leur production.
Mais une réduction de 10 millions de barils par jour, peut ne pas suffire. La demande a déjà chuté de 30 millions de barils par jour, correspondant à la production de l’Arabie Saoudite, de la Russie et des Etats-Unis. Mais aux vues des importantes réserves de pétrole des Etats-Unis, ces entreprises seront de toute façon amenées à réduire d’elle-même leur production.
COUP DE GRÂCE
Déjà mal-aimées, la zone euro et les banques britanniques ont subi un coup de grâce aux yeux des investisseurs après s’être inclinées face aux pressions des régulateurs pour reporter les versements de dividendes. Les dernières baisses du cours de l’action ont porté la valeur combinée de toutes les banques cotées de la zone euro à un peu plus de 280 milliards de dollars, éclipsés par la capitalisation boursière d’une société américaine de paiements Visa.
Au cours de la dernière décennie, les actions des banques européennes ont été sous-performantes. Mais certains généreux dividendes ont convaincu certains investisseurs de s’en tenir à eux. Maintenant, en plus de ne plus payer de dividendes, les banques doivent également se préparer ce que les créances douteuses montent en flèche en période de récession.
Le dilemme du dividende s’applique maintenant également aux compagnies d’assurance — elles ont mieux résisté à la crise actuelle que les banques, mais les appels à suspendre les dividendes ont ébranlé leurs actions vendredi.
Pendant ce temps, les investisseurs qui ont besoin de rendements pour respecter les passifs de retraite ou d’assurance, sont à la recherche de « héros de dividendes » et les banques suisses pourraient assumer ce rôle. Après avoir défié les demandes des régulateurs sur les dividendes, UBS et Crédit Suisse ont vu leur action baisser de seulement 3% à 4% comparé aux pertes à deux chiffres chez BNP Paribas ou HSBC.
LES DIVIDENDES ATTIRENT
Les dividendes sont aussi le sujet brûlant à Wall Street. La vente massive du au coronavirus fait du S&P 500 une oasis pour les investisseurs avides de rendement, augmentant son dividende à 2,46%, le plus haut jamais atteint depuis 2009, selon Refinitiv.
Associé à cela, on note la fuite des investisseurs vers des actifs refuges augmentant les rendements des obligations d’État à 10 ans à des niveaux records. Résultat : l’écart entre le rendement du dividende de l’indice 500 et celui du Trésor à 10 ans, US10YT-RR, a atteint son plus haut niveau depuis au moins cinq décennies. Mais le rendement attrayant des dividendes pourrait être éphémère. Comme en Europe et en Asie, les paiements de dividendes des entreprises américaines sont incertains : treize sociétés du S-P 500 ont réduit leurs dividendes futurs au cours du trimestre de mars. Dix autres ont suspendu leurs dividendes, selon le Dow Jones.