LE MOMENT DE REPOUSSER?
La chute spectaculaire des bons du Trésor américain a porté les rendements à 10 ans au-dessus de 1,6 %, leur niveau le plus élevé depuis un an. La réunion de la Réserve fédérale des 16 et 17 mars sera suivie de près pour déceler les signes d’inquiétude des responsables politiques concernant les rendements, les bulles d’actifs et l’inflation.
La réévaluation des attentes du marché en matière de taux d’intérêt pour anticiper une hausse de la Fed dès la fin de 2022 est en contradiction avec l’objectif de la Fed de maintenir les taux inchangés jusqu’à la fin de 2023. Jusqu’à présent, la Fed n’a pas semblé perturbée par la hausse des rendements obligataires, mais elle pourrait estimer qu’il est temps de revenir sur ces prévisions de hausse des taux.
Elle devrait également publier de nouvelles prévisions sur la croissance économique au fur et à mesure de la distribution des vaccins.
DES MESSAGES CONTRADICTOIRES À LA BOJ
La banque centrale du Japon qui a été la première à contrôler la courbe des taux doit faire face à l’un de ses examens de politique les plus difficiles les 18 et 19 mars.
Selon certaines sources, la Banque du Japon devrait insérer dans son communiqué des indications plus claires sur ce qu’elle considère comme un niveau acceptable de fluctuation des taux d’intérêt à long terme, signe qu’elle ne tolérera pas de hausses qui nuisent à l’économie.
Le gouverneur Haruhiko Kuroda et son adjoint Masayoshi Amamiya ont envoyé des messages contradictoires sur l’assouplissement de la fourchette cible des taux à 10 ans. Des rendements plus élevés reconnaîtraient une hausse mondiale, mais pourraient susciter des inquiétudes involontaires quant au resserrement de la politique monétaire.
Compte tenu de la reprise économique naissante, la BOJ pourrait même suggérer la possibilité d’introduire plus de taux négatif à court terme. Dans ce contexte, le rallye du yen ne vient pas simplifier le travail de la BOJ.
REUNION DES BANQUES CENTRALES
Jeudi, les banques centrales se réunissent en Grande-Bretagne et en Norvège.
La Banque d’Angleterre ne devrait pas dévoiler de nouvelles mesures d’assouplissement de la politique monétaire malgré les inquiétudes suscitées par la récente flambée des coûts d’emprunt.
Toute action telle que l’augmentation de la puissance de feu de la BoE en matière d’achat d’obligations devrait intervenir plus tard dans l’année, peut-être en mai, lorsque les prochaines prévisions économiques seront publiées.
Avec les données du PIB du premier trimestre qui devraient montrer une baisse de près de 4 % en raison des blocages liés à la pandémie et des perturbations du Brexit, la reprise économique devrait être progressive. Une majorité d’économistes interrogés par Reuters s’attendent à ce que le PIB mette deux ans à retrouver les niveaux d’avant la crise du COVID-19.
La Norges Bank est également pressentie pour maintenir ses taux inchangés mais elle pourrait adopter un ton belliqueux compte tenu des signes de reprise économique en Norvège, notamment dans le secteur du logement.
LES TAUX ÉMERGENTS EN HAUSSE
Sur les marchés émergents, les taux d’intérêt ne peuvent qu’augmenter. C’est le message que nous pourrions entendre de plusieurs banques centrales au cours des prochains jours.
La plupart d’entre elles sont confrontées à des pressions inflationnistes croissantes depuis un certain temps, mais maintenant elles sont également confrontées à la hausse des rendements du Trésor américain, qui augmente les coûts d’emprunt pour tout le monde. Pour les importateurs de pétrole, le prix du Brent au-dessus de 70 dollars est un problème supplémentaire, tout cela alors que les économies sont encore sous le choc de l’impact du coronavirus.
Les banques centrales du Brésil et de la Turquie, qui se réunissent respectivement mercredi et jeudi, sont les plus susceptibles de relever leurs taux. Les marchés découvriront également jeudi si le cycle de réduction des taux de l’Indonésie est arrivé à son terme.
L’Égypte, quant à elle, ne bougera pas jeudi, malgré la hausse des prix des matières premières et l’augmentation de l’inflation.
ÉLECTIONS
Dans la zone euro, les investisseurs se tournent vers la politique.
Les chrétiens-démocrates allemands (CDU) ont subi des défaites record lors de deux scrutins régionaux dimanche, après une réponse confuse au coronavirus, ce qui constitue un revers pour le parti qui doit affronter les élections fédérales de septembre sans la chancelière Angela Merkel.
Les résultats sont un coup dur pour le président du parti CDU, Armin Laschet, qui a pris la pole position dans la course à la succession de Merkel en remportant la direction du CDU il y a deux mois.
Viendront ensuite les élections nationales néerlandaises, du 15 au 17 mars, pour lesquelles les autorités assouplissent les règles de couvre-feu introduites en soirée pour lutter contre la propagation du COVID-19. Les sondages indiquent que le parti conservateur VVD du Premier ministre Mark Rutte restera le plus grand parti, bien que le soutien de l’opinion publique ait récemment diminué en raison de ses politiques relatives au coronavirus.