RETOUR VERS DES SOMMETS
Les actions mondiales ont connu des hauts et des bas au cours du premier semestre 2020. Après avoir chuté de 35% entre le 20 février et le 23 mars, elles se situent maintenant à 10% des records de février grâce aux mesures de relance budgétaire, aux taux d’intérêt ramenés à 0% voire négatifs dans la plupart des grandes économies et à des mesures massives d’assouplissement quantitatif. Les coûts d’emprunt des entreprises américaines de premier ordre sont tombés en dessous des niveaux de janvier.
Que se passera-t-il donc pendant le reste de l’année? Tout dépend de l’arrivée d’une nouvelle vague de coronavirus, qui mettra les décideurs politiques à rude épreuve. Et si un traitement efficace ou un vaccin est trouvé, la récession mondiale la plus importante de l’histoire pourrait également être la plus courte.
Néanmoins, la crise a révélé des faiblesses telles que les niveaux d’endettement élevés des entreprises et leur dépendance à l’égard des rachats d’actions.
DES TENSIONS POLITIQUES QUI FREINENT LA REPRISE
Le niveau d’anxiété des marchés asiatiques devrait encore augmenter d’un cran dans les jours à venir en raison des tensions géopolitiques.
Hong Kong sera dans la ligne de mire du Parlement chinois lorsqu’il se réunira du 28 au 30 juin pour finaliser une loi de sécurité visant à lutter contre le séparatisme, la subversion, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.
Après une année de manifestations anti-gouvernementales et anti-Pékin assez violentes, l’accent est mis sur la portée de la loi, sur les activités qui constituent de tels crimes et sur les sanctions prévues. Les investisseurs veulent également savoir si les lois seront rétroactives ou si elles créeront de nouvelles possibilités de saisie des avoirs.
La Chine et une grande partie de l’Asie publieront également des enquêtes sur la production manufacturière. Mais avec les menaces militaires de la Corée du Nord qui se répandent et les troupes qui s’amassent des deux côtés de la frontière, ces enquêtes vont surtout dépendre de la situation géopolitique.
DES INDICATEURS ECONOMIQUES FAVORABLES
Après les chiffres catastrophiques d’avril et de mai, le récent flux de données économiques américaines a apporté de bonnes nouvelles et permettent ainsi de placer les marchés boursiers à 10% de leur niveau d’avant crise.
Avec de meilleurs résultats pour les indicateurs de l’emploi et des ventes au détail, l’indice de Citi qui suit les données économiques par rapport aux attentes des économistes a atteint un niveau record.
Il s’agit maintenant de savoir si le rebond reste en vigueur. La confiance des consommateurs mardi, les données manufacturières mercredi et les chiffres de l’emploi américain jeudi, à la fois hebdomadaires et mensuels, figurent parmi les rapports les plus attendus.
Les emplois non agricoles ont augmenté de 2,5 millions en mai alors qu’en avril ils avaient chuté de plus de 20 millions. Une autre amélioration pourrait permettre aux marchés de pousser plus haut sauf en cas de nouveaux verrouillages liés aux coronavirus.
L’INFLATION SOUS SURVEILLANCE
Les économies rebondissent après le choc COVID-19, l’inflation suivra-t-elle? Les données préliminaires de la zone euro pour le mois de juin peuvent déjà fournir quelques indices.
Les attentes en matière d’inflation réagissent à des données qui montrent que le pire de la morosité économique est passé. A long terme, les prévisions du niveau d’inflation en zone euro sont juste au-dessus de 1 %, très proche de son plus haut niveau depuis début mars et près de 40 points de base au-dessus des plus bas records atteints le même mois.
Certains investisseurs achètent déjà de l’or et d’autres actifs de couverture contre l’inflation. Cependant, certains investisseurs affirment que si l’on creuse davantage les indicateurs d’activité, ils ne laissent guère entrevoir de signes de reprise des pressions inflationnistes. Pendant ce temps, attendez-vous à ce que la BCE continue de mettre le pied sur la pédale de relance.
L’EUROPE CHANGE DE CAP
Au cours du mois dernier, les actions américaines ont sous-performé les actions mondiales de 2,5 %, l’Europe a surperformé par une marge similaire. Les actions européennes ont bénéficié d’un afflux d’investissements au cours des trois dernières semaines, selon la BofA.
Derrière cette évolution, il y a peut-être la potentielle victoire du démocrate Joe Biden aux élections présidentielles, la détérioration des liens entre les États-Unis et la Chine et la hausse continue des infections par le coronavirus aux États-Unis qui empêchent la reprise complète de l’activité économique.
L’Europe, quant à elle, a largement maîtrisé la propagation du virus, les économies prennent le virage plus rapidement que prévu et le fonds de relance proposé par l’UE accélère l’intégration de la zone euro.
BlackRock (NYSE:BLK) et Goldman Sachs (NYSE:GS) font partie de ceux qui recommandent aux clients de se concentrer sur les actions européennes, qui ont été à la traîne par rapport à leurs homologues américains tout au long du cycle économique précédent en raison d’une pénurie de titres « de croissance ».
La surperformance européenne semble se prolonger au moins jusqu’aux élections américaines de novembre. A plus long terme, les entreprises américaines, comme les sociétés de technologie, pourraient être confrontées à une hausse d’impôts, en particulier de la part d’une administration démocrate. Dans un monde où les investisseurs attachent une grande importance aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), les meilleurs résultats européens en matière d’ESG seront un atout.