UNE CHINE A GENOUX
Est-ce que HSBC et Standard Chartered ont « choisi les profits plutôt que les droits de l’homme » pour soutenir la loi de sécurité nationale chinoise pour Hong Kong comme certains le suggèrent ? Ou bien cela reflète-t-il le fil tendu sur laquelle les entreprises doivent naviguer entre les manifestations à Hong Kong et Pékin ?
Le traitement spécial des États-Unis pour Hong Kong est maintenant remis en question, tout comme le rôle de la ville en tant que capitale financière. Sa position d’épicentre dans le commerce de marchandises sera menacée si celles-ci sont soumises à des droits d’importation plus élevés de la part des Etats-Unis ou alors si les importations américaines ne bénéficient plus du taux zéro.
Un point positif à tirer de ces tensions pourrait être l’augmentation du nombre d’introductions en bourse par des entreprises chinoises qui abandonnent leur cotation à New York ou par de nouveaux arrivants sur le continent qui font leurs débuts à Hong Kong plutôt qu’au Nasdaq.
Mais alors que Pékin resserre son emprise, une enquête de la chambre de commerce américaine a montré que 30 % des personnes interrogées envisageaient de déplacer leurs capitaux, actifs et opérations commerciales d’un pays à l’autre. Tenir compte des avertissements des pays occidentaux ou s’en tenir à Pékin ? C’est un choix que de plus en plus d’entreprises devront faire.
RALLYE BOURSIER, RENDEMENTS EN HAUSSE
La FED observe avec inquiétude la courbe des taux du Trésor qui s’accentue. Lorsque les rendements à long terme augmentent plus rapidement que ceux à court terme, cette pente indique de meilleures perspectives de croissance. Mais une hausse trop rapide des coûts d’emprunt peut étrangler la reprise économique.
Après la réunion du FOMC du 9 et 10 juin, les investisseurs écouteront le point de vue de la FED sur les perspectives économiques, un ton optimiste pourrait alimenter davantage le rallye des actions et déclencher la vente de titres du Trésor.
Cela pourrait attirer davantage l’attention sur la courbe, le segment 5 ans/30 ans est à son plus haut niveau depuis fin 2017, avec une hausse d’environ 30 points de base au cours du mois dernier. Peu de gens s’attendent à une action de la part de la FED ce mois-ci mais cela pourrait bien indiquer que des mesures supplémentaires sont à prévoir concernant l’achat d’obligations ou le contrôle de la courbe des taux.
L’EURO RASSURE
Si l’on en croit les neuf derniers jours consécutifs de hausse pour l’euro et les écarts obligataires entre l’Italie et l’Allemagne de plus en plus serrés depuis deux mois, les investisseurs sont beaucoup plus confiants dans les perspectives de la zone euro qu’il y a quelques semaines.
Après une réaction lente et divisée des responsables politiques et un commentaire malheureux du directeur de la BCE sur les écarts obligataires, les autorités européennes ont finalement trouvé un arrangement : un fonds de relance avec une certaine forme de partage de la charge fiscale serait en cours de création. L’Allemagne a accepté de dépenser davantage dans le domaine fiscal et la BCE a rajouté enveloppe de 600 milliards d’euros à son plan de relance d’urgence.
De nouveaux gains sur l’euro et un resserrement des écarts obligataires semblent aussi probables qu’une vente d’obligations allemandes. De plus, la demande sur les valeurs refuges est en baisse. Le chemin sera sans aucun doute plus long que prévu mais pour la première fois depuis des années, les pros euro ont des raisons d’espérer.
DES ACHETEURS MYSTERES
Qui achète? C’est la question qui se pose aux usines chinoises dont la production est revenue aux niveaux observés avant que la crise du coronavirus n’entraîne le déplacement ou la fermeture de la majeure partie de la chaîne d’approvisionnement manufacturière mondiale.
Les données commerciales de dimanche devraient confirmer que la demande mondiale pour les produits fabriqués en Chine reste faible. Mais toute augmentation des importations, si elle est motivée par des achats de pétrole ou de matières premières moins chers, alimenterait les craintes d’une accumulation des stocks et les inquiétudes que les fabricants ont été politiquement contraints de produire.
Dans les prochains jours, les investisseurs pourraient commencer à suspecter une récession chinoise pour l’année en cours. Cela les amènera à prendre conscience de la hausse fulgurante des marchés tandis que la capacité de production chinoise se heurte à un ralentissement mondial inéluctable.
LES OPPORTUNISTES DE LA CRISE
En ébranlant la confiance des conseils d’administration et en ravageant les bilans des sociétés, la crise du coronavirus a mis un terme à l’explosion du nombre de transactions qui durait déjà depuis plusieurs années. Les activités de fusions-acquisitions au niveau mondial ont chuté de 43 % cette année tandis que les rachats d’entreprises par des fonds d’investissement privés ont baissé de 27 % selon les données de Refinitiv.
L’activité européenne des fusions-acquisitions est à l’opposé de la tendance, avec une hausse de 12 % grâce à des opérations de grandes envergures telles que la fusion des opérateurs de téléphonie mobile O2 et Virgin Media qui représente 24 milliards de livres.
Il est vrai que le nombre de transactions annoncées est inférieur de 33 % à celui de l’année précédente mais les banquiers voient ce changement comme un signe positif pour les fonds de capital-investissement qui flairent les entreprises en difficulté ayant besoin d’injections de liquidités ou encore les sociétés cotées en bourse qui résistent tant bien que mal.
L’association des sociétés KKR, Cinven et Providence vient de lancer une offre de 2,96 milliards d’euros pour l’opérateur de télécommunications espagnol MasMovil. C’est la première tentative européenne de prise de participation privée depuis le début de la crise. Selon certaines sources, CVC Capital Partners serait en pourparlers avec la Serie A italienne pour investir jusqu’à 2,2 milliards d’euros dans les droits de diffusion de la ligue de football.
D’autres opérations comme celles-ci sont attendues mais elles dépendront de la confiance qu’accorderont les investisseurs aux marchés durant des prochaines semaines.